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Dossiers de presse

Programme « Neurosciences et politiques publiques » du Centre d’analyse stratégique

25/08/09

Nouveauté dans son programme de travail 2009, Le Centre d’analyse stratégique s’intéresse aux « Neurosciences et politiques publiques » à travers trois thèmes principaux (déterminants de la crise financière, prévention en santé publique, justice et loi) faisant l’objet de publications et manifestations.

Le programme « Neurosciences et politiques publiques » a pour but de déterminer comment les sciences du cerveau peuvent apporter un éclairage nouveau pour les politiques publiques, dont un enrichissement épistémologique et une démonstration expérimentale de leurs fondements empiriques.

Ce programme vise également une meilleure prise en considération par les politiques publiques des enjeux liés à la subjectivité. Il s’inscrit par là dans un axe prioritaire du Centre d’analyse stratégique, tel que défini par la saisine « santé mentale et déterminants du bien-être » du secrétaire d’Etat chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique, en date du 25/03/09.


Publication introductive de l’ensemble du programme  :

Note de Veille n°128 (mars 2009) - Analyse : Impacts des neurosciences : quels enjeux éthiques pour quelles régulations ?

Sommaire :

1. Thème « Management du Risque et de l’Incertitude à Différentes Echelles »

En décembre 2008, le Center for Risk Management and Decision Making de la Wharton School (University of Pennsylvania), une institution leader mondiale dans la gestion des risques à grande échelle depuis plus de 20 ans, a organisé une conférence intitulée « The Irrational Economist » (http://www.theirrationaleconomist.com/program_schedule.php). Dans un format inédit en Europe sur cette thématique, cette conférence avait pour but de discuter des limites des méthodes classiques de la gestion du risque - basées essentiellement sur des modèles de prises de décision rationnelles - face aux nouveaux risques qui ont émergé au cours de la dernière décennie. Parmi les invités figuraient des Prix Nobel d’économie, des conseillers de la Maison Blanche, des dirigeants d’institutions financières publiques et privées, d’organisations et des universitaires du monde entier, dont quelques « neuroéconomistes ». Le constat a été sans appel : nous nous trouvons dans une nouvelle ère de risques à grande échelle où l’interdépendance est le maître mot. Cette nouvelle aire appelle à un nouveau modèle de gouvernance, dont la composante financière est un pilier essentiel. Il s’agit là d’un domaine en plein essor où les enjeux financiers, sociaux et aussi politiques, sont de première importance. Dès lors, la nécessité de développer de nouveaux outils et de nouvelles stratégies pour les contrer devient impérieuse. Les questions liées à l’apport des neurosciences dans la gestion des risques à grande échelle ont été, de manière inattendue, au centre d’une grande partie des discussions de la conférence organisée à Wharton. De plus, quelques semaines plus tard, au cours du Forum Economique Mondial de Davos (janvier 2009) s’est tenue, pour la première fois, une session pour présenter l’apport de la neuroéconomie à la gestion de la crise financière. Forts de l’enthousiasme suscité par cette initiative, les organisateurs de l’édition 2010 prévoient d’inscrire au programme plusieurs sessions autour de la neuroéconomie.

En effet, la neuroéconomie et ses applications à la compréhension des décisions en univers à haut risque pourraient apporter un éclairage nouveau sur les causes des dysfonctionnements observés dans la gestion de ces crises. Née aux Etats-Unis à la fin des années 1990, de la fusion entre sciences économiques, cognitives et neurophysiologie, la neuroéconomie explore les mécanismes cérébraux de la prise de décision. Aux théories économiques néo-classiques d’une décision purement rationnelle, la neuroéconomie oppose des mécanismes de prise de décision dans lesquels les émotions jouent un rôle prépondérant comme c’est le cas en finance. Toutefois, des questions se posent quant à la transposition des travaux de neuroéconomie à la stratégie de gestion de crise. Il est en effet impossible de proposer de liens directs et univoques entre le comportement des agents économiques isolés (niveau individuel) et le comportement d’une population (niveau agrégé). Dès lors, on peut se demander si mieux comprendre le fonctionnement du cerveau de quelques individus est vraiment utile pour prendre des décisions à des échelles plus élevées. Cette question est légitime au regard des innombrables paramètres (humains ou non) qui entrent en jeu, comme par exemple celui des fluctuations de marchés boursiers. Toutefois, « l’affaire Société Général/Kerviel » en 2008 a démontré que les décisions financières d’une seule personne sont susceptibles de déstabiliser l’économie mondiale (cf. la réaction de la Banque Fédérale américaine).

Dans le domaine de l’enseignement et de la recherche de la neuroéconomie, la France essaye de rattraper son retard sur les Etats-Unis, le Royaume Uni, l’Allemagne ou encore la Suisse. Concernant l’utilisation de la neuroéconomie dans la gestion de crise, seuls les Etats-Unis commencent à intégrer les résultats empiriques au processus décisionnel.
 

2. Thème « Neurosciences et Prévention en Santé Publique »

Trois exemples, qui bénéficient à l’heure actuelle d’un grand intérêt sociétal, politique et médiatique, pourraient ainsi être développés :

  • la lutte contre l’épidémie d’obésité et de surpoids (déterminants cérébraux et contextuels de l’obésité, optimisation des stratégies de communication de type « Manger/Bouger », développement de l’apprentissage à la nutrition et à la diététique, évaluation des mises en garde sur les emballages de produits) ;
  • la lutte contre le tabagisme (déterminants cérébraux de l’addiction à la cigarette, stratégies de communication et de prévention médiatiques, nature des mises en garde à apposer sur les paquets de cigarettes) ;
  • la prévention des empoisonnements et intoxications accidentels dus aux produits chimiques domestiques dont les emballages peuvent induire une confusion avec des produits alimentaires et le développement de nouvelles stratégies de mise en garde (« warnings ») sur ces emballages.


Les sujets de la lutte contre l’obésité et le tabagisme renvoient tous deux au problème de l’addiction au produit d’intérêt (tabac, nourriture) et à la nécessité de - toujours plus et mieux - communiquer, éduquer, et prévenir sur les méfaits de l’abus de ces substances (à l’échelle collective grâce aux campagnes de sensibilisation, mais aussi individuelle via notamment les emballages). Ces stratégies pourraient, à terme, avoir des conséquences positives d’un point de vue sanitaire, mais aussi économique et social. En outre, les sujets de l’obésité et du tabagisme bénéficient d’un corpus scientifique et médical conséquent dans lequel les neurosciences ont une place importante.

Le sujet relatif aux produits dangereux est quelque peu différent car les risques majeurs associés ne sont pas l’addiction mais l’intoxication. En effet, il convient de prendre en compte la tendance grandissante à esthétiser ce type de produits afin de les rendre plus « attractifs » et « exposables » au domicile des clients. On voit par exemple se développer des shampoings dont les odeurs, les couleurs et les récipients rappellent ceux des sodas ou autres boissons. Ce double changement (exposition et attractivité accrues) non seulement multiplie les risques de confusion avec des produits de consommation courants et donc d’intoxication (comme le démontre les statistiques de certains centres antipoison) mais contrevient aussi à la circulaire DRT n°13 du 24 mai 2006 .

Les neurosciences, conjuguées à des méthodes comportementales, peuvent ainsi avoir un double rôle : permettre d’identifier, avant leur mise sur le marché, les produits susceptibles d’être confondus avec des aliments et développer sur les emballages des signalétiques multimodales émotionnelles plus efficaces (en alliant par exemple la vision et le toucher), ne nécessitant aucun apprentissage, afin de prévenir les accidents domestiques. Contrairement aux deux premiers sujets, ce dernier n’est, à l’heure actuelle, investigué que dans le cadre d’un seul projet de recherche en France.
 

  • Publications :

-Note de Veille n°138 (juin 2009) - Analyse : Stratégies d’information et de prévention en santé publique : quel apport des neurosciences ?

3. Thème « Cerveau, Justice et Loi »

Journée d’études fermée « Perspectives scientifiques, éthiques et légales sur l’utilisation des neurosciences dans le cadre des procédures judiciaires » du 10 décembre 2009

L’utilisation des neurosciences dans l’appareil judiciaire représente à l’heure actuelle l’un des domaines dans lequel les avancées en sciences du cerveau pourraient engendrer le plus de changements au sein de notre société. Aux Etats-Unis, cette thématique, que l’on désigne sous le néologisme « neurolaw » , est l’objet d’un programme de coopération inter-universitaire et inter-administration sans précédent ni équivalent dans le monde, intitulé « The Law and Neuroscience Project » (http://www.lawandneuroscienceproject.org). Michael Gazzaniga, une référence mondiale de la neuroéthique, est, depuis sa création fin 2007, le directeur de ce projet soutenu par la MacArthur Foundation à hauteur de 10 millions de dollars comme première dotation. La simple existence de ce projet est un signal fort de l’intérêt suscité par le sujet, dont la question relative à la détection de mensonges n’est qu’une infime composante. Pour certains, les notions de responsabilité et de libre arbitre pourraient ainsi être à repenser à la lumière des découvertes en neurosciences. Dans les tribunaux américains, des facteurs biologiques sont de plus en plus invoqués par les défenses afin d’obtenir l’irresponsabilité pénale pour leur client. Véracité des propos tenus, risques de récidive, impartialité du juge, biais émotionnels potentiels des jurés, sont autant d’aspects qui pourraient être impactés par les neurosciences. Les enjeux sont donc importants et sensibles, et dépassent le cadre technique et scientifique. Aux Etats-Unis, l’utilisation des outils et données de neurosciences pourrait faire apparaître des contradictions avec les Vème et VIème amendements (qui respectivement autorise un accusé à refuser de témoigner contre lui-même et lui donne droit à un procès avec jury) et aboutir à une révision des lois constitutionnelles. Une telle évolution suscite des interrogations éthiques légitimes.


Mardi 16 mars, Vincent Chriqui, Directeur général du Centre d’analyse stratégique, a remis officiellement à Nathalie Kosciusko-Morizet, Secrétaire d’État à la Prospective et au Développement de l’Économie numérique le rapport "Nouvelles approches de la prévention en santé publique - L’apport des sciences comportementales, cognitives et des neurosciences". Ces travaux ont été coordonnés par Olivier Oullier et Sarah Sauneron.

Contact presse :

Jean-Michel Roullé
01 42 75 61 37

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